Du rôle des femmes en informatique
L’informatique est l’un des secteurs qui recrute le plus fortement, même en période de crise (un quart des offres d’emploi pour cadres)*. Ce secteur est également celui où l’écart des salaires entre hommes et femmes est l’un des plus faibles (9%, contre 16,3% en moyenne sur l’ensemble du marché)*.
Malgré ces avantages objectifs, très peu de femmes postulent pour obtenir ces emplois. Le taux de féminisation dans nos métiers reste très faible. Toujours selon les mêmes sources*, le taux d’emploi de femmes en informatique est seulement de 25%, ce qui en fait l’un des secteurs les moins féminisés, avec la mécanique, la métallurgie, l’équipement électrique et électronique, l’automobile et l’aéronautique. Et encore, cette proportion se réduit encore lorsqu’on examine les postes de direction informatique (10%), les ingénieurs réseau (9%) ou l’informatique industrielle (14%). Notre propre expérience de recrutement nous a prouvé que seulement (6%) des candidats ayant répondu à nos offres d’emploi étaient des candidates. Aujourd’hui, notre staff ne comporte que 2 femmes pour un total de 22 hommes. Et ce malgré une volonté affichée de féminiser notre équipe !
Une pénurie de candidates
Cette pénurie de candidates provient essentiellement d’un déséquilibre constant dans les filières de formation. Si les femmes représentent 40% des effectifs au Lycée, et obtiennent de meilleurs résultats que les hommes dans les filières scientifiques, elles ne sont plus que 20% à s’orienter vers les métiers scientifiques post Baccalauréat. Et cette tendance ne s’améliore pas. Selon l’étude “MutationnElles 2011” réalisée par Global Contact**, « la filière des Services et Technologies de l’Information et de la Communication (…) attire moins de candidates qu’il y a trois ans : moins 5% d’effectifs de femmes formées entre 2007 et 2010. »
L’informatique, comme les sciences en général, l’automobile, l’aéronautique et la mécanique n’attire pas les jeunes femmes, peut-être à cause de leur éducation. Des études nombreuses, notamment citées par des ouvrages consacrés au sexisme, ont démontré que les stéréotypes orientent les fillettes vers des activités définies sous le terme de “care”.
Les métiers d’ingénieur, en informatique ou non, attirent généralement moins les femmes pour diverses raisons. Selon “MutationnElles”, les réticences des jeunes femmes à s’engager dans ceux-ci sont les suivantes :
- Manque de souplesse entre vie professionnelle et vie privée ;
- Faible présence des femmes dans les plans de promotions ;
- Manque d’accompagnement avant et après le congé maternité.
“La féminisation du métier d’ingénieur continue de régresser“, conclut cette étude. Plus globalement, la proportion de femmes cadres/ingénieures a diminué depuis 2008, passant de 17% à 16%, alors que le nombre global d’emplois de ce type augmentait durant la même période.
La tendance semblerait s’inverser si l’on étudie de plus près le taux d’emploi des femmes ingénieures par secteur d’activité. La filière numérique est devenue la première en termes de recrutement : 14% des emplois contre seulement 11% dans l’agro-alimentaire et 10% dans la chimie.
Pour attirer davantage de femmes dans l’informatique, il faudrait modifier l’image des multiples filières existantes, des écoles d’ingénieurs, des formations en alternance ou en apprentissage. Ce, afin que celle des ingénieurs informaticiens, pouvant paraitre parfois un peu prétentieux, voire enfermés dans leur bulle intellectuelle, sortes d’« Hikikomori »***, ne trouvent jamais d’équivalent auprès des femmes.
Mais il revient également aux entreprises de modifier les mentalités, de casser les codes sexistes, de respecter l’égalité et la parité. Bref des critères de recrutement dits “normaux”, en évitant de mettre la femme sur un piédestal, de la choisir pour son physique ou son charme. C’est en jugeant les candidats sur leurs expériences, leurs idées, leur implication, leur détermination, sans discrimination, que le recruteur tentera de rétablir l’équilibre entre les hommes et les femmes au sein de l’entreprise, tout en espérant que de plus en plus de femmes choisiront la filière informatique, qui elle, les attend impatiemment!
Sources
* Source APEC
** “Mutationnelles 2011”, étude réalisée par Claudine Schmuck pour Global Contact, sponsorisée par Orange.
*** Hikikomori : mot japonais désignant des adolescents ou de jeunes adultes désocialisés continuant à vivre cloîtrés dans leur chambre d’enfant chez leurs parents.